Eugène Paul naît dans une maison de Montmartre, au 96 de la rue Lepic (peinte par Vincent Van Gogh), et pratique depuis son plus jeune âge le dessin et la peinture. Son père meurt alors qu'il n'a que 10 ans.
Gen Paul est d'abord formé pour construire des meubles décoratifs.
La première guerre éclate. Il y est envoyé comme soldat et blessé deux fois, dont une fois gravement : il perd une jambe. Pendant sa convalescence, il se remet à peindre et devint ami, au Bateau-Lavoir, avec Juan Gris, qui l'a beaucoup aidé.
Bien que Gen Paul n'ait pas fréquenté d'Ecole des Beaux Arts lors de sa formation, il se montre assez doué pour vivre de son art durant plus de 60 ans.
La première chose qui frappe est la petitesse du bâtiment, écrasé, dominé par les imposants immeubles se dressant tout autour. Une plaque, scellée sur le mur, entretient le souvenir du peintre de Montmartre : " Eugène Paul dit Gen Paul, artiste peintre et graveur français a vécu et créé dans cette maison de 1917 à 1975 ".
Il faut pousser une petite grille pour pénétrer dans la cour. D’ici, on aperçoit sans mal les fenêtres du cinquième étage de l’appartement du 4 rue Girardon…
L’atelier, devenu salle d’exposition, se situe au rez-de-chaussée et respire encore d’une certaine folie. Deux reliques d’un autre temps trônent dans le fond de la pièce étriquée. Ce sont le chevalet et la palette de Gen Paul, témoins de cinquante années d’une vie consacrée à la peinture. Le chevalet est souillé par les éclaboussures et les dégoulinades, œuvre se suffisant à elle-même pour illustrer la fougue de l’artiste au travail. La palette, qui était à l’origine une table basse de bistrot, est maculée de couches de peinture, étrange mélange bigarré, anarchique et apocalyptique.
" Popol c’est un vieux Montmartrois, il est pas venu de sa Corrèze, pour découvrir le maquis. Il a été préconçu dans les jardins de la Galette, un soir de 14 juillet, c’est le Montmartre " de ses moins de neuf mois ". Alors c’est un " pur de pur ". Je sais qu’il aime bien le bourgueil, je lui en monte un petit flacon, question de le mettre en bonne humeur. Je veux qu’il me cause ! Il est peintre, c’est tout vous dire, au coin de l’impasse Girardon. Il barbouille quand il pleut pas trop, quand il pleut trop, ça devient trop sombre dans son atelier. Quand il fait beau par exemple, on est alors bien mieux dehors, sur le banc de l’avenue Junot à regarder les petits oiseaux, les petits arbres comment qu’ils poussent, qu’ils se dépêchent pour pas crever, du mazout. On prend le soleil comme des vieux piafs. "
Bagatelles pour un massacre, p. 56.
Marcel Aymé le mettra en "scène" dans sa nouvelle "Le passe-muraille". Il viendra jouer de la guitare à Léon Dutilleul, pour le consoler de sa solitude.