Le verger-roseraie
Une autre scène complète cet espace : un verger-roseraie, qui allie jardin d’utilité et jardin d’agrément.
Il s’ordonne autour d’une allée centrale gravillonnée, dont le tracé rectiligne est ponctué de ronds-points. De part et d’autre de ces escales à la promenade, la symétrie des végétaux est parfaite. Au plus proche du jardin français, les pommiers et les poiriers du jardin fruitier sont taillés selon des techniques diverses et présentent un dessin aux contours très géométriques. Tout un échantillonnage de formes fruitières y est ainsi représenté : les chandeliers, les sphères et les pyramides laissent apprécier leurs volumes; tandis que les espaliers - ou « palmettes » - figurent des formes plates, tantôt obliques, tantôt horizontales. Dans la partie la plus éloignée du jardin français, le dessin plus libre des arbres fruitiers imite un verger de plein vent.
Chaque détail compte : alors que le gazon est tondu très ras sur le tapis du jardin français, l’herbe est maintenue assez haute dans le verger et laisse apparaître au printemps une prairie de boutons d’or et de pâquerettes.
En été, ce jardin d’utilité se fait roseraie. Essentiellement composée de rosiers sarmenteux (espèce la plus favorable à l’ornementation des arceaux et des treillages), la roseraie d’Albert-Kahn compose une tonnelle ombragée, propice à la promenade et à la méditation. Dès le mois de juin, la métamorphose y est saisissante et féerique : les troncs et les branches des arbres sont recouverts de ces espèces grimpantes et se transforment en véritables buissons de roses. Les dégradés de couleurs, la diversité des senteurs et l’abondance des fleurs renforcent la magie de cette scène. Une promenade sous la galerie de roses « Dorothy Perkins », « Excelsa » ou « American Pillar » promet un adoucissement des pensées ainsi que des échanges harmonieux entre les invités d’Albert Kahn…Dans cette composition, on note l’influence anglo-saxonne de mêler rosiers sarmenteux et branches de fruitier, une mode née en Angleterre à la fin du XIXe siècle.